Nous sommes à La Flèche, ville en Sarthe.

Antoine et Eva, artistes de l’équipe PaQ’la Lune du Maine-et-Loire, vont aller à la rencontres de salarié·es de la mairie et des services techniques de la ville afin de les sensibiliser au sexisme et inégalités systémiques dues à la différences des genres, malheureusement encore d’actualité, malgré une prise de conscience de beaucoup de personnes déjà.

Comme avec cette initiative du Conseil Intercommunal de Sécurité et de la Prévention de la Délinquance (CISPD) de la Flèche (72), les équipes artistiques de PaQ’la Lune en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et Bretagne répondent à différentes “commandes” de création de brigades d’interventions théâtralisées. A chaque fois, les comédien.nes mettent en scène des personnages burlesques qui interviennent le plus souvent par surprise, avec des impromptus sur l’espace public, dans des espaces de bureaux, dans des salles de classe… 

Après quelques échauffements et répétitions, nous partons pour la mairie, où nos deux comédien·nes jouent 3 premières scénettes au rez de chaussée.

Les salarié·es sont un peu timides au début, puis la majorité étant des femmes, poussent leurs collègues masculins qui regardent ce qui se passe d’un peu trop loin à leur goût.

“ Vous êtes concernés, allez venez! ”

Effectivement, ces interventions impromptues dénoncent les propos sexistes de tous les jours qui passent sous de mauvaises blagues, “ on ne peut plus rien dire ! ” comme le dit le personnage d’Antoine.

Une scène déconstruit les clichés qui peuvent aussi exister dans l’autre sens, les hommes aussi peuvent prendre soin d’eux, il n’y a pas que les femmes qui peuvent aller au salon de beauté et heureusement !

On entend quelques rires, les histoires racontées semblent parler à plusieurs personnes.

Triste réalité et en même temps, ces impromptus permettent de visibiliser ces problèmes de façon ludique et joyeuse, plutôt que de façon très moralisatrice.

La petite troupe continue son chemin au premier étage, où sont abordées des questions moins visibles que le mansplaining ou le sexisme ordinaire.

La contraception et la façon dont la charge est répartie entre les hommes et les femmes et ce qui existe.

“ Comment ça il existe des contraceptions pour les hommes? Ah oui mais il y a quand même des contraintes…” Pas plus que les contraceptions existantes pour les femmes, voire moins d’ailleurs !

Des rires sur ce sujet peu visible, une prise de conscience de la part des hommes mais aussi des femmes, qui ne connaissent pas tous·tes ces moyens de contraception masculine !

Après la mairie, où le public était principalement féminin, la petite équipe se dirige vers les locaux des services technique, milieu beaucoup plus masculin.

Les salarié·es ne sont pas vraiment au courant, il faut qu’on apparaisse au bon moment, juste après leur pause, sinon ils monteront dans les camions et ne verront rien de notre intervention.

Antoine et Eva posent leur petite scène dans le couloir près des vestiaires, iels sont visibles, les salarié·es ne devraient pas les rater !

Les premiers arrivant·es s’accumulent en petit groupe, le message passe : il va y avoir 20 minutes de jeu théâtral, compris dans leur temps de travail.

Iels n’étaient pas au courant, les supérieurs ne les ont pas prévenus apparemment…

Un groupe assez dense s’est constitué, les comédien·nes expliquent leur présence et la thématique de ce qui va être joué.

A la fin des trois scénettes, certain·es réagissent, et pendant la représentation, quelques sourires trahissent le ressenti de certaines personnes vraisemblablement concernées.

Des personnes qui continuent d’arriver au compte gouttes et de sortir des vestiaires nous partage leur déception
“ Ç’avait l’air chouette mais on a pas eu l’information… C’est dommage on aurait pu venir plus tôt pour voir ce que vous avez joué. “

“ On reviendra alors !”  lance Eva avec un sourire.

Après cette dernière représentation, la troupe range ses affaires et retourne à la voiture, direction Angers. Les deux comédien·nes et les personnes qui ont organisé ce moment sont très contentes de la journée.

Le public était réactif et semble avoir apprécié, le nombre de salarié·es des équipes techniques de la ville a dépassé les attentes en nombre de spectateur·ices, le message va circuler et l’équipe espère que cela créera des discussions autour de ces sujets importants, pour changer les comportements !